C. Guérin : L’amour nous fait trembler

Parce que la poésie est encore le meilleur remède à la déshumanisation qui nous affecte tous !

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L’amour nous fait trembler comme un jeune feuillage, 
Car chacun de nous deux a peur du même instant. 
« Mon bien-aimé, dis-tu très bas, je t’aime tant… 
Laisse… Ferme les yeux… Ne parle pas… Sois sage… »

Je te devine proche au feu de ton visage. 
Ma tempe en fièvre bat contre ton cœur battant. 
Et, le cou dans tes bras, je frissonne en sentant 
Ta gorge nue et sa fraîcheur de coquillage.

Ecoute au gré du vent la glycine frémir. 
C’est le soir ; il est doux d’être seuls sur la terre, 
L’un à l’autre, muets et faibles de désir.

D’un baiser délicat tu m’ouvres la paupière ; 
Je te vois, et, confuse, avec un long soupir, 
Tu souris dans l’attente heureuse du mystère.

Charles Guérin (1873-1907)

« Un amour passionné et malheureux, mais surtout une sensibilité irrémédiablement mélancolique et une santé fragile épuisent vite le poète, qui meurt prématurément d’une tumeur au cerveau, à l’âge de 33 ans, le 17 mars 1907.
La sincérité, la douleur et la profondeur de son œuvre situent Charles Guérin dans la pure tradition lyrique de la poésie française, entre Symbolisme et Parnasse, à la transition des XIXe et XXe siècles.  » (Wikipédia)

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« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » Térence (190-159 av. J.-C.)

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